Travailler pour la guerre

Peter Exner

 

Alexander Ritter

Ajusteur
Né le 21.12.1889

 

« Il m’était également inconfortable de rester à Bâle et d’y vivre parmi mes pairs car tous savaient que j’étais fini professionnellement. »
(Prison administrative de Fribourg-en-Brisgau, le 10 septembre 1918)

 

Alexander Ritter benötigte gleich einen ganzen Satz von Passfotos für seine deutschen und schweizer Ausweispapiere, die ihn zum Grenzübergang berechtigten. (Quelle: Landesarchiv BW, GLA 456 F 10, Nr. 232)
Alexander Ritter avait besoin de tout un lot de photos pour les papiers d’identité allemands et suisses qui lui permettaient de traverser la frontière. (Source: Landesarchiv BW, GLAK 456 F 10, Nr. 232)

Les tentatives de l’ajusteur Alexander Ritter pour être économiquement indépendant dans sa ville natale suisse de Bâle ne sont pas couronnées de succès. Dès 1915, Ritter traverse par conséquent la frontière avec l’Allemagne, dont l’industrie de l’armement a un besoin urgent d’ouvriers qualifiés, et se fait embaucher comme tuyauteur dans les usines Nitrum de Rhina, près de Laufenburg. Au sein de cette entreprise stratégique, il travaille en équipes à la fabrication artificielle de salpêtre et de chlore, nécessaires pour la production de munitions. À l’été 1917, Ritter fonde une serrurerie à Bâle mais dépose le bilan dès avril 1918. Il envisage alors de fonder une serrurerie à Lyon mais, en chemin, se retrouve enrôlé dans le service de renseignement français. Ritter occupe un poste dans l’entreprise Otto Schenz de Lörrach dont les 40 ouvriers travaillent à la production de mines pour les sapeurs. Si Ritter occupait jusque-là ses emplois en Allemagne pour gagner son pain, il postule cette fois auprès de l’usine située à côté de la gare afin « de pouvoir effectuer des missions d’espionnage à Lörrach pour le compte des services de renseignement français ». À partir du 27 juin 1918, il met à profit son trajet quotidien jusqu’à l’usine d’armement allemande pour espionner les transports de troupes à la frontière, les usines militaires et l’état du moral dans les villes frontalières. Du fait des dures journées de travail de 12 heures, Ritter quitte son emploi le 30 juillet. Il est arrêté le 10 septembre 1918 à Lörrach alors qu’il était entré à nouveau dans le pays et se retrouve condamné à mort le 1er octobre 1918 par le tribunal militaire local. En vertu de la loi militaire impériale du 12 novembre 1918 qui garantissait l’impunité à tous les prisonniers politiques, Ritter est relâché le 7 mars 1919 et retourne à Bâle.

 

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