Du faucon à la colombe

Né à Karlsruhe, Berthold Deimling fait une carrière exceptionnelle en tant qu’officier de l’armée prussienne. Ayant reçu l’instruction par l’empereur de mettre bon ordre dans les territoires du Reich, l’ancien commandant des Schutztruppe (troupes de protection) dans le sud-ouest de l’Afrique, entre-temps anobli, est nommé en avril 1913 général commandant du XVe Corps d’armée à Strasbourg. Le matraqueur avide de prestige exécute parfaitement la mission confiée par son protecteur à l’occasion de l’incident de Saverne. Son investissement au cours de la Première Guerre mondiale est caractérisé par des décisions autocratiques et des Extratouren (excès de zèle). Il devient tristement célèbre sous le nom de Boucher d’Ypres et comme l’exécuteur de la première attaque au gaz. L’abnégation et la volonté au combat de ses troupes lui fait réviser son opinion (préconçue) sur le comportement national des Alsaciens, ce qui alimentera les controverses sur la nécessité d’une dictature militaire dans le Reich. Von Hindenburg et Ludendorff le relègue dans les Vosges-Moyennes en tant que Commandant de section de la division d’armée B et, quand l’empereur Guillaume II lui retire son soutien, il se retrouve contraint de quitter l’armée en septembre 1917. Cette offense et le malaise qu’il éprouve face à la guerre industrielle moderne provoquent chez Deimling un changement radical de vie. À partir de 1919, il compte parmi les représentants les plus éminents du mouvement allemand pour la paix, au nom duquel il règle ses comptes avec les vieilles élites dans de nombreuses réunions. Le désarmement militaire et la réconciliation avec l’ennemi héréditaire qu’est la France sont au cœur de son engagement.